25 février 2013

CONTENEUR

                                                                                                                                                                                Crédit DR Ktha Compagnie

Il reste encore 1 mois avant de pouvoir argumenter que "C'est le printemps, allons prendre l'air"; vé-ri-di-que. Il ne nous reste donc plus qu'1 mois pour aller s'enfermer dans des conteneurs exigus et obscurs, chouette!!! Filer dans le 11ème arrondissement de la capitale pour voir la Ktha Compagnie est donc hautement recommandable. Ils présentent 2 spectacles de rue de conteneurs, dont le premier "Est-ce que le monde sait qu'il me parle?" m'a vraiment interpellé (d'ailleurs, je serais tentée de lui répondre: Monde, parle un peu plus fort stp, merci). 
Dans leur mise en scène, l'espace (un authentique petit conteneur contenant maximum 30 personnes), le temps (un format saccadé et prenant) créent une ambiance très spéciale et presque hypnotisante. S'ajoute le propos de la Compagnie: nos vies sont rythmées (...malgré nous?) par une pagaille d'informations, de recommandations, de prescriptions, de messages ordinaires, presque invisibles... et pourtant, ils s'empilent dans nos têtes et dans nos quotidiens jusqu'à parfois sembler en prendre le contrôle. Avec cette forme déstabilisante, la Compagnie Ktha arrive mine de rien à condenser toute la banalité et la vacuité de certains aspects de nos existences d'occidentaux "bien-lotis" et ce, sans morale ni propos faciles: jolie pirouette! On en sort, un peu plus conscient de ce qu'on nous fait avaler jour après jour; et cette pause théâtralisée "pas comme les autres" reste fortement ancrée dans nos mémoires. Deux ans après l'avoir vu, voyez, je reste encore en émoi.
Leur second spectacle "Je suis une personne" m'a bien moins plu; mais avis aux curieux et aux amateurs d'acrobaties philosophiques.

>  jusqu'au 3 mars devant la Mairie du 11ème, place Léon Blum & des infos sur la Compagnie Ktha ici

10 février 2013

BAGUETTE

                                                                                                                                           Crédit DR H.C
...magique?
Fills Monkey détient le pouvoir de nous pêcher après une dure journée de labeur et de la transformer en badaboum-tsoing-tsoing; ce spectacle musical autant qu'humoristique est une vraie découverte, pour qui veut jouir d'une franche partie de divertissement rythmique (tchk-tchk / tchk-tchk/ tchk-tchk).
Fills Monkey est donc un duo de musiciens-batteurs; les deux accusés étant déjà passibles de références musicales de haute voltige (avec le groupe No one is innocent notamment). 
Heureusement pour nos oreilles, nous n'assistons pas à une performance-battle de batterie (ouf!), tsiiiing-tsiiing-tsiiiing'; ce serait si ennuyeux pour des novices. Non, Fills Monkey a l'espièglerie de jouer & de dé-jouer de l'instrument pour en explorer toutes les facettes comiques. Match de tennis, obsessions et névroses rythmiques, jongleries loufoques, ou, le must à mon sens, l'air-batterie... La mise en scène potache fonctionne très bien et ce bric-à-brac foutraque fait de weeeez-weeeez et de bang-bang nous fait sourire; voire franchement rire. 
Ces deux athlètes de la percu ont un fort potentiel de sympathie; alors je ne saurais trop vous conseiller d'aller vous faire cling-cling les oreilles lors de cet Incredible drum show.

> en tournée, au Sentier des Halles & le site des Fills Monkey ici

3 février 2013

CHALET

                                                                                                                                              crédit DR HC

Enigme. 
Chalet society. Qu'est ce que c'est? 
a) un jeu de société équitable qui permet d'acquérir des chalets autrichiens et de les transformer en éco-lodges moldaves;
b) une secte alternative au Grand Orient de France, lobbying d'anciens bûcherons jacobins;
c) une communauté de collectionneurs, d'artistes et d'aficionados créant le 1er musée ambulant de ceux qui créent sans intention.
?
[Hoque] O-K. Réponse c)
... mais on peut légitimement se demander si b) ne fait pas partie du projet. Ou si c) ne lance pas de grandes parties endiablées de a) entre deux expos.
Car oui, Chalet society est un regroupement d'un genre nouveau: Marc-Olivier Wahler (ex-Palais de Tokyo) a crée Chalet society comme centre d'art itinérant; appelé à s'implanter de façon éphémère et marginale dans des lieux inappropriés à l'art institutionnel et, déambulant dans des pays différents.
Pour leur lancement, Chalet society s'installe donc tranquillement (mais coquettement) dans le 7ème arrondissement de Paris, boulevard Raspail. Une école désaffectée leur tient de locaux pour accueillir leur première exposition "The Museum of Everything"; exposition d'Art Brut venant de Londres. Jean Dubuffet crée en 1945 la notion d'Art Brut pour désigner les « ouvrages exécutés par  des personnes indemnes de culture artistique"; soit des réalisations déroutantes à base d'objets recyclés par des personnes un poil en marge de la société (prisons, hôpitaux, campagnes profondes) et qui ne se voient pas "artistes": sans formation artistique ni contraintes pré-définies par les "beaux-arts". Cela donne des oeuvres un peu folles; tantôt esthétiques, tantôt sordides; mais toujours impressionnantes. Je pense à cet homme aveugle qui a passé sa vie à créer des appareils photos en porcelaine, de toute taille, de tous modèles; joli rêve.. Ou cet illuminé qui recrée un langage propre calligraphié sur tous les supports imaginables. Enfin, cet ingénieur du dimanche qui bricola des carcasses d'anciennes machines a écrire pour en tirer d'imposants châteaux baroques, méli-mélo délicieux de nanos-pièces et de soudures. 
On se balade dans ce "Musée de tout", qui devient parfois un "Musée de n'importe quoi" -certes-, on discute et on interroge les médiateurs du Chalet society déambulants dans les étages pour plus de détails sur telle ou telle oeuvre obsessionnelle. On trouve ça chouette de voir ici des choses in-visibles ailleurs d'artistes invisibles au milieu de l'art & dans un lieu non-aseptisé. On finit la visite au choix: débourssage de $$$ au stand merchandising bien (trop?) rodé ou attablé à l'une des conviviales tables d'hôtes du café, où traîne une ambiance bobo-arty-wiliamsburgienne, pas désagréable ma foi.
On sort de là, un peu confus, mais oui, on est bien au numéro 14 du boulevard Raspail.
On a pris un bon bol d'ART frais.
& ça fait du bien.

> Chalet society, 14 blvd Raspail, Paris
jusqu'au 24 février