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Avez-vous vécu une période Départ ivre vers la mer ? Où la passion amoureuse occupe tout, voit tout, sent tout ? On est jeune, fougueux et enivré par l’autre, par le champ des possibles avec l’autre ; on est surtout un peu abruti; à côté de la plaque, on prend pour du romanesque du ridicule. Mais comme Arianne et Solal, on se sent vivant. Albert Cohen donc ; et dans son immense œuvre ; le récit le plus imposant (1 110 pages quand même) Belle du Seigneur, hymne à l’amour-passion, manifeste pour le ré-enchantement des sentiments ; bible des amants impossibles. Je trépignais d’envie d'aller voir « Belle du Seigneur (Extraits) » d’Albert Cohen, mise en scène Jean-Claude Fall & Renaud Marie Leblanc. Ajouter à cela un frémissement médiatique lors de leur passage à Avignon cette année ; plus aucune hésitation pour traverser Paris, Cap sur la Cartoucherie.
Roxane Borgna
est seule sur scène et dans sa baignoire remplie d'eau pendant 1h ; on s’interroge
pendant un bon moment sur les trucs & astuces issus du monde magique du Théâtre pour lui éviter la pneumonie dès la troisième représentation. Passé
ceci ; Roxane est une Ariane réincarnée ; belle et agaçante,
amoureuse et perdue (et mouillée).
Vous écoutez ses
confidences. Vous êtes au plus proche de ses questionnements et de ses lubies. La
mise en scène très épurée est révélatrice du texte & des mots de
Cohen ; l’eau comme les sentiments ruissèlent sur Ariane ; ça
bouillonne, ça s’agite, ça renverse puis ça barbotte, ça coule, ça boit.
Quand il
n’est pas avec moi je l’aime encore plus parce que quand il est là il me gêne
un peu je ne suis pas assez libre pour l’aimer et puis ça devient très vite
sensuel quand il est là et alors je l’oublie un peu on gèle de l’eau chaude
s’il te plait
Allez-vous
réchauffer le cœur avec l’eau chaude de Belle du seigneur.