29 mai 2014

VISAGES

                                                                                                                                                                                       Credit DR

Faut-il anticiper, lire, se préparer pour bien imaginer le type de spectacle qui va prendre vie sous nos yeux ? Ou bien, arriver, poussé par une curiosité, un commentaire, un conseil, un hasard et se laisser surprendre sans trop chercher à savoir... C'est le dilemme que j'expérimente régulièrement, tiraillée entre le fait d'en savoir beaucoup et de m'inonder d'un contexte, d'un travail, d'une démarche ou l'envie de me présenter innocente, sans à priori ni idées préconçues, toute neuve en émotion. Je virevolte entre les 2, parfois hyper informée, parfois complètement paumée.
En décidant d'aller voir pour la première fois Maguy Marin, célèbre chorégraphe, j'ai adopté illico le parti d'y aller les yeux fermés (hormis dans le tram, bien-sûr). 
Alors bien-sûr je m'attendais un peu à de la danse, ou au moins à une forme marquée par de lointains fondements chorégraphiques... que dalle.
Il faut avoir à l'esprit que la discipline se transcende aujourd'hui à la vitesse où le burger de base est devenu le it-sandwich du moment: foume d'ambert, roquette, veau. Plus rien a voir avec ladite recette originelle. Itou pour Maguy (te vexe pas), elle nous propose quelque chose d'inclassable et au final, ça a peu d'importance, tant que le goût y est, n'est-ce-pas?
Avec Singspiele, il y a plus que le goût, il y a la saveur de se confronter à une forme inédite qui d'emblée subjugue. Son unique interprète, y incarnera chacun de nous, et jonglera avec nos différences et nos similitudes à la force du corps, véritable pâte à modeler de vies. C'est incroyable comme le dispositif utilisé est simple et puissant; et tandis qu'une foule de personnages tantôt inquiétants ou dérisoires existent devant nous; on jubile du pouvoir des ficelles du spectacle sur notre raison: oui j'ai vu une centaine d'hommes et de femmes différents évoluer devant moi sur scène, ils partageaient peut-être le même corps, je n'en suis même plus sûre...


> jusqu'au 7 juin, au Théâtre de la Cité Internationale